13 juin 2025

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Mali : quand les réseaux sociaux influencent les décisions de santé des femmes

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Principale source d’informations de nombreuses femmes, au Mali, les réseaux sociaux jouent un rôle important dans les décisions de ces dernières y compris sur le plan sanitaire. Un sondage mené auprès d’une vingtaine de cibles permet d’y voir plus clair. 

80 % des enquêtés utilisent Facebook comme principale source d’informations sur la santé. Ils sont 40 % à préférer TikTok, en raison de son accessibilité et de la rapidité des informations. À côté de ces plateformes populaires, 35 % des répondants se tournent vers des sites spécialisés, tel que celui de l’Organisation mondiale de santé (OMS) pour obtenir des informations fiables. L’ enquête a concerné des hommes et des femmes dont l’âge est compris entre 18 et 35 ans. Les répondants sont basés à Bamako, Ségou, Sikasso et Kayes.

Outre les sources d’informations des personnes interrogées, le sondage a également évoqué la fiabilité des informations reçues notamment via les réseaux sociaux. Selon les résultats, une grande partie d’enquêtés doutent des informations qu’elles reçoivent sur les plateformes de médias et réseaux sociaux. Certains les confrontent d’abord aux avis d’experts ou aux sources crédibles avant d’y croire. Alors que 30 % sont influencés par les likes, commentaires et partages générés, révélant ainsi le fort impact des réseaux sociaux sur les décisions. 

Influence négative sur les décisions de santé

Toujours d’après les conclusions de cette enquête, plus de la moitié des répondants rapportent avoir été influencés par des informations en ligne pour prendre des décisions liées à leur santé. Par exemple, une participante au sondage a expliqué avoir cessé la consommation de boissons énergisantes après avoir regardé une vidéo dénonçant les dangers y afférents. 

Tandis que 40 % des internautes interrogés ont rapporté avoir retardé ou changé une décision médicale en raison de l’incertitude ou de la contradiction des informations trouvées en ligne. Ces décisions erronées ont souvent conduit à des risques d’automédication, de complications médicales entre autres.

Dans un contexte où parler de sexualité est un tabou, où l’accès aux soins de santé est faible, de nombreuses femmes maliennes se tournent vers les réseaux sociaux pour trouver des réponses à leurs inquiétudes en matière de santé. Cependant, si certaines plateformes spécialisées offrent des informations fiables, les réseaux sociaux regorgent aussi de contenus non vérifiés qui influencent parfois négativement les décisions de santé. 

Enjeu de santé publique

Cette vidéo devenue virale sur TikTok illustre parfaitement cette tendance. L’extrait est partagé par plus de 300 internautes et liké par 3500 autres. L’auteur pretend prodiguer des « conseils » pour soigner l’infection. « Ma chérie, si l’infection te fatigue, applique ça s’il te plait dès que tu vois la vidéo… », lit-on dans la description. Dans cette vidéo, une dame affirme qu’un mélange du nep-nep avec d’autres plantes peut soigner les infections sexuellement transmissibles. En commentaire, des dizaines de jeunes dames félicitent l’internaute d’avoir partagé cette astuce. 

Pourtant, cette affirmation n’est pas soutenue par des évidences scientifiques. Aussi, l’utilisation abusive du nep-nep représente un danger pour la santé.

Par ailleurs, cette vidéo met en lumière l’influence des réseaux sociaux dans les prises de décision des femmes en matière de santé au Mali, où la désinformation devient un réel enjeu de santé publique. Plusieurs facteurs expliquent cette influence : le manque d’accès à des sources fiables, le déficit de sensibilisation et d’éducation aux médias et à l’information entre autres.

Renforcer l’éducation aux médias

Les répondants suggèrent qu’il est essentiel de rendre les plateformes fiables plus accessibles et attractives, par exemple en utilisant des formats vidéos en langues locales. Les plateformes spécialisées, comme les sites de l’OMS et les émissions locales telles que Ça Me Dit Santé, sont perçues comme les sources fiables, avec 65 % des participants leur accordant leur confiance. Cependant, l’accessibilité reste un défi majeur. 

En effet, 80 % des répondants estiment que les campagnes de sensibilisation actuelles sur la désinformation sanitaire sont insuffisantes, notamment en milieu rural. Pour y remédier, ils suggèrent de multiplier les efforts en matière de sensibilisation, d’éducation aux médias et de collaboration avec des influenceurs locaux pour rendre les informations de santé plus engageantes et accessibles.

En sommes, cette enquête a mis en lumière l’impact croissant de l’information en ligne sur les décisions de santé des jeunes et femmes au Mali, et les risques associés à la désinformation. Alors que les réseaux sociaux dominent comme sources d’information, la fiabilité de ces contenus reste un enjeu majeur.

Pour contrer la désinformation et garantir des choix de santé éclairés, il est impératif de renforcer l’éducation aux médias et de promouvoir les plateformes fiables auprès du public.

Résultats d’enquête de Mahamadou BAGAYOKO – nov 2024 – TSCom

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