21 septembre 2024

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Fatou rêvait de sauver des vies… elle succombe en donnant la vie

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Fatou, une jeune mère de 16 ans, mariée de force, meurt en couche suite à une grossesse non désirée et faute de soins appropriés. Cette histoire met en lumière les responsabilités partagées dans la lutte contre la mortalité maternelle.

Dans ce récit fictif, Fatou, une jeune mère de 16 ans, mariée de force, meurt en couche suite à une grossesse non désirée et faute de soins appropriés. Cette histoire met en lumière les responsabilités partagées dans la lutte contre la mortalité maternelle.

Brillante à l’école, Fatou voulait devenir sage-femme pour voler au secours des femmes de son village qui succombent en donnant la vie. Cependant, à la veille de son examen, ses parents la donnèrent en mariage, sans son consentement, au trentenaire Karim Dian ( le géant Karim), le fils du voisin.

Le mariage est célébré dans une atmosphère en apparence joyeuse. Les sourires semblaient forcés et les vœux manquaient d’émotion sincère. Le visage de Fatou affichait la tristesse et la résignation, en contraste avec les festivités animées. Cette cérémonie révélait un mariage imposé plutôt qu’une union choisie.

Grossesse surprise

Dix mois plus tard, Fatou donnait naissance à un garçon, reportant ainsi son rêve d’éducation. En effet, la brave Fatou ne se découragea pas. Elle se disait avoir encore une chance pour l’année scolaire suivante. Malheureusement, Fatou sera surprise par une deuxième grossesse non désirée.

Un vendredi, alors que le village était enveloppé dans une nuit sans constellation. Fatou ressentit des douleurs abdominales. Elle réveilla son mari, Karim Dian, qui s’empressa d’aller chercher sa mère pour accompagner Fatou chez Badoussou, l’accoucheuse du village. La vielle Badoussou venait à peine de prendre en charge ce rôle de façon coutumière à la suite du décès de sa prédécesseure.

Lorsqu’ils arrivèrent, la situation de Fatou se compliqua, car elle n’avait jamais bénéficié de consultations prénatales au cours de ses deux grossesses. Il fallait emmener Fatou en urgence au centre de santé, situé à 80 km de leur village.

Cependant, Biarama, le seul propriétaire de véhicule du village, était parti en ville pour le week-end. Soudain, Badoussou sortit de sa case, les mains mouillées de sang, regarda silencieusement la belle-mère de Fatou et secoua la tête ! Puis, elle resta muette comme une carpe.

Fatou ne reviendra plus, faisant désormais partie des centaines de victimes de la mortalité maternelle. Elle qui rêvait d’un avenir de sage-femme, est rattrapée par un sort implacable.

Bien que fictive, l’histoire de Fatou illustre une triste réalité qui endeuille de nombreuses familles au Mali, où le taux de décès maternels était estimé à « 368 décès pour 100 000 naissances vivantes », selon la dernière Enquête Démographique de Santé (EDS). Un peu plus que la moyenne mondiale. La réduction de ce taux ne sera possible qu’avec l’engagement de toutes les parties prenantes de la santé reproductive.

80% des sages-femmes se trouvent à Bamako

Le Mali compte environ 1540 sage-femmes, dont 80% se trouveraient à Bamako, et 20% réparties entre toutes les autres régions. Cela explique déjà l’insuffisance de personnel de santé dans les zones reculées. Aussi, à cela s’ajoute l’inaccessibilité des centres de santé dans ces zones. Les autorités doivent donc développer des politiques et les mettre en œuvre afin de décentraliser les services de santé, dans le but de réduire considérablement le taux de mortalité maternelle au Mali d’ici 2030.

Quel mari ne serait pas ravi de voir sa famille en bonne santé ? En effet, la société a un rôle crucial à jouer dans la gestion d’une grossesse. Il est essentiel de comprendre que la grossesse n’est pas seulement l’affaire de celle qui la porte. Pour soutenir une femme enceinte, toute la famille doit s’impliquer, surtout son époux. Le mari doit veiller en permanence au bien-être de sa famille en encourageant sa femme à suivre les différentes phases de consultations prénatales. Malgré ses occupations, il doit parfois l’accompagner ou être en contact avec l’agent de santé qui suit sa femme.

Les médias locaux peuvent contribuer

#çaMeDitSanté: mortalité maternelle, quels défis – TSCom TV

Lors de notre émission web « ça me dit Santé » du 16 septembre dernier, nous avons mis l’accent sur le rôle que peuvent jouer les médias dans la lutte contre la mortalité maternelle. Selon notre invitée, Mme Fanta Diakité, animatrice à la radio Klédu, « les médias locaux doivent animer des émissions en langues locales sur les thématiques liées à la santé de la reproduction pour mieux informer et sensibiliser les populations ».

Mme Diakité insiste sur l’importance du traitement et de la diffusion d’informations fiables sur la santé. « Il n’est pas dit qu’un animateur ou présentateur d’émission anime une émission sur ces sujets à travers son point de vue. Ils doivent aller chercher des informations auprès des personnels de santé qualifiés et les inviter parfois sur leurs plateaux », a-t-elle jouté.

En somme, la lutte contre la mortalité maternelle est un devoir pour tous. Nous devons tous nous impliquer pour éviter qu’un cas similaire à celui de Fatou n’arrive à une autre femme, surtout une jeune femme. De plus, si Fatou avait eu la possibilité de suivre des consultations prénatales et d’adopter une méthode contraceptive après la naissance de son premier enfant, elle aurait eu l’opportunité de concrétiser son rêve de devenir sage-femme et ainsi aider d’autres femmes.

Ensemble, nous pouvons mettre fin à cette tragédie et permettre aux femmes de donner la vie sans perdre la leur.

Mahamadou Bagayoko – Blogueur Spécialiste SDSR – TSCom

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