21 septembre 2024

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INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE : JE RÊVE DE POUVOIR FOUILLER LES POUBELLES DE VOTRE VOISINE …

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L’adolescent Kassime fait partie des 1 600 personnes touchées par la phase critique de la malnutrition au Mali. Cette position lui fait perdre tout espoir de survie, comme en témoigne sa lettre poignante.

Dans ce récit fictionnel, Toni Star prête sa plume à Kassime pour écrire une lettre de désespoir à son cousin Ahmed. Touché par l’insécurité alimentaire, Kassime met l’accent sur les comportements nutritionnels qu’il avait observés à Bamako lors de ses vacances.

L’adolescent Kassime fait partie des 1 600 personnes touchées par la phase critique de la malnutrition au Mali. Cette position lui fait perdre tout espoir de survie, comme en témoigne sa lettre poignante.

Cher cousin Ahmed,

C’est avec un mélange de tristesse et d’espoir que je prends la plume pour t’écrire ces quelques mots. J’ignore si cette lettre te parviendra un jour, mais je tiens à te partager la réalité que nous vivons ici à Ménaka. Une réalité qui nous confronte à l’insécurité alimentaire chaque jour un peu plus, pour ne pas dire la famine.

Ahmed, tu dois comprendre que derrière ces mots se cachent des centaines de visages, des familles entières qui n’arrivent plus à lutter pour survivre. Depuis plus d’un an, notre vie a pris un tournant sombre et difficile. Après le départ tragique de papa, maman a lutté vaillamment pour nous nourrir. Mais malheureusement, la situation ne fait qu’empirer.

Nous ne mangeons plus régulièrement. Chaque repas devient un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. La ville, autrefois pleine de vie, est maintenant silencieuse et déserte. Nous ne pouvons plus faire le berger, nos activités quotidiennes sont devenues un lointain souvenir.

Cher cousin, je me languis des petits plats que tante Awa nous préparait avec amour, à 10h et à 16h, en plus des trois repas journaliers. Dis-lui que ses saveurs me manquent cruellement. Je rêve même de pouvoir fouiller les poubelles de votre voisine Fanta pour y trouver les nourritures qu’elle y jette.

Néanmoins, les festins de mariage auxquels nous avions l’habitude de participer dans les quartiers de Bamako, sans être invités, semblent aujourd’hui être un rêve lointain. Les restes de nourriture jetés à la poubelle après ces cérémonies seraient un trésor inestimable pour moi aujourd’hui. Si seulement je pouvais avoir une seule tartine de ces restes par jour, cela pourrait signifier la différence entre la vie et la mort.

Ahmed, souviens-toi des promesses que nous nous faisions lorsque j’étais en vacances chez vous. Je me rappelle de chaque mot, de chaque rêve que nous avions pour notre avenir. Nous avions des projets pleins d’espoir, des projets qui semblaient à portée de main. Ahmed, ces rêves semblent aujourd’hui lointains, presque impossibles à réaliser avec moi. L’insécurité alimentaire nous vole nos rêves, notre énergie et notre vitalité. Mais malgré tout, je garde espoir.

Cordialement, ton cousin Kassime depuis Ménaka.

1 242 078 Maliens en situation d’insécurité alimentaire

Cette lettre de Kassime met en lumière deux problèmes majeurs : l’insuffisance d’éducation nutritionnelle dans certaines localités et le manque d’activités de maintien alimentaire dans les zones touchées par l’insécurité alimentaire.

Dans cette vidéo, nous pouvons avoir la situation actuelle de la malnutrition au Mali. Precisement, le Système d’alerte précoce affirme que : « 1 242 078 Maliens sont en situation d’insécurité alimentaire répartis sur différentes phases de malnutrition. Notamment, la phase 5 (critique) a été observée dans des régions spécifiques, dont Ménaka, affectant environ 1 600 personnes » a confirmé M. Moussa Goita, coordinateur national du Système d’Alerte Précoce (SAP).

Nous pouvons éradiquer l’insécurité alimentaire

Lors d’une enquête effectuée en août 2023, une source anonyme nous a affirmé que la Sous-Direction nationale de la nutrition a proposé de financer des activités de maraîchage au bord de la mare de Ménaka afin de garantir la sécurité alimentaire de la zone. Malheureusement, « cette solution n’a pas été acceptée par les autorités locales qui, à leur tour, n’ont pas proposé de solutions concrètes » a ajouté la source. Par conséquent, une sensibilisation demeure urgente pour trouver des solutions durables et d’assurer la sécurité alimentaire.

Quant à nos comportements de gaspillage alimentaire pendant les festins et même au sein de certaines familles, nous devons nous rappeler de ces familles touchées par la malnutrition et contribuer au maintien de la sécurité alimentaire.

L’éducation nutritionnelle est nécessaire

L’insécurité alimentaire demeure un défi complexe au Mali. Face à cette crise, l’éducation nutritionnelle émerge comme un outil essentiel pour renverser la situation et établir un avenir où chaque Malien ait accès à une alimentation adéquate et nutritive.

Ceci est confirmé par les spécialistes.  Dr Soumaïla Diarra du Système d’Alerte Précoce (SAP) souligne que l’ignorance des pratiques alimentaires saines contribue significativement à la malnutrition au Mali : « Les régions les plus touchées par l’insécurité alimentaire sont également celles où l’information nutritionnelle est la plus limitée. Les femmes enceintes et les mères allaitantes, dont le rôle est essentiel dans la nutrition familiale, manquent souvent d’informations pour prendre des décisions éclairées ».

Mahamadou Bagayoko / TSCom

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